rando du 3 mai

Pour les randonneurs du 3 Mai

La curiosité en forme de boule aperçue sur le pin dans la remontée à Carlencas n'est pas:

- une cabane destinée à la location de week-end

- une déco de Noel

- un parachutiste accroché là depuis 1944

mais une malformation appelée :balai de sorcière provoquée par un champignon,non dangereuse pour l'arbre

et ,ma foi,qui fait bien parler....

Marie Nicolas

Rando mercredi 3 mai :

"Carlencas-et-Levas" commune des Hauts Cantons Héraultais.

16 km. Peu de dénivelée (110m)

Nous sommes partis à la rencontre des Carlencassols, au nombre de 127 en 2011 !

C'est dire combien ce village du Causse se vide de ses habitants !

Pourtant cet ancien site volcanique (volcan Courbezou), recouvert de lave basaltique, est riche en potasse, calcium et magnésium. Le Causse de Carlencas regorge d'herbe grasse pour le bonheur des bêtes à cornes et chevaux ; de nombreuses vignes, rectilignes partent à l'assaut des falaises basaltiques découpées en orgues verticales et rivalisent avec les haricots, les lentilles et surtout le célèbre pois chiche que cultivent encore à Levas quelques dinosaures paysans.

Originaire du Proche-Orient, les Égyptiens, Grecs et Romains le dégustaient comme une " friandise" afin de prévenir l'impuissance sexuelle ! ... ( hélas déjà répertoriée dès l'Antiquité ! )

Cultivé ici depuis le XVII ième siècle, on nomme aussi ce bonbon aphrodisiaque "chichourle" ou "ceze" en occitan.

Que nous reste-t-il de ce lent étirement du groupe sur de longues pistes un peu monotones qui nous menèrent au bord de l'Orb, rivière originelle de mon enfance ? :

- Au prime abord, la majesté d'un bi ou tri-centenaire chêne blanc à la ramure dentelée éclatante et transparente sous le soleil. Son tronc imposant, large et gorgé de vie invitait à l'embrassade et nous étions si piteusement ridicules et insignifiants avec nos bras trop courts !

- Un cordon d'eau calme jonché de fleurs éparses de peupliers soudain vrombissant en jolie cascade sous une déclivité de terrain... Des arbres morts, des branchages arrachés arrimés aux rives de l'Orb, des amalgames de feuilles mortes et déchets végétaux témoignent de la vivacité colérique et imprévisible de cette rivière qui peut connaître au printemps ou à l'automne de vastes et tempétueuses crues.

- Quelques discussions animées autour de la stratégie politique de dimanche, Macron, Le Pen, pour un choix primordial de mode de vie, de pensée, d'avenir pour nos enfants... Prédictions inquiètes, hâte de tâter du duel le soir-même et élucubrations autour de Fillon, du train raté de Strauss-Kahn, de la vraie Gauche et de la Droite classique absentes au second tour...

- Enfin, une franche détente et rigolade à table autour de sujets scabreux qui révoltent la pudeur et dont je tairai le vif et la teneur des ébats... pardon, débats.

Le sentier de reprise fut très agréable, pentu comme on les aime, caladé par endroit, fendant la garrigue en un long et sinueux serpentin de terre cramoisi par une bauxite omniprésente. Tout autour de nous un dévergondage de petites fleurs écloses au galbe et coloris variés, du jaune, du bleu, du violet, du rose, des verts tendres et doux, quelques lys blancs égarés et une délicate et rarissime orchidée.

La fin du parcours nous dispersa en groupes dissociés vers le village de Carlencas où quelques tables didactiques d'orientation et de précisions géologiques rassasièrent les plus friands d'apprentissage tandis que certains déambulaient au gré des ruelles et porches dans ce village-fantôme haut perché. Un "homme du Nord" nous fit les honneurs de sa terrasse, fier de nous montrer la vue embrassant collines, pitons rocheux et dépouilles de carrières dont le rouge sang déchirait la couleur sombre des garrigues et forêts. L'on constata, aux éraflures et érosion de la pierre, que certains linteaux servaient d'aiguisoir aux hommes avant d'égorger le cochon en attente dans sa soue.

La buissière du retour nous offrit son ombrage intime et sa fraîcheur. Un grand merci aux deux comparses du parcours Rémy et Bernard et une pensée pour Thierry dont l'absence fut bien remarquée.

Denise