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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 19:55

 

Autres péripéties du Lubéron.

 
- PREMIER JOUR : Denise Metten carte en main nous entraîne l’après-midi dans les abris-roches de Malaval. Une sente qui casse le souffle avec 500 m de dénivelée sur une courte distance ! Ceux qui n’ont guère l’habitude de marcher soufflent fort et ont du mal ! Mais le sentier sauvage est magnifique et requiert notre assentiment.
 
- DEUXIÈME JOUR : un programme de rêve : les dentelles de Montmirail du Vaucluse avec le doux nom de Gigondas qui sonne à nos oreilles !
Le sentier passe sur les crêtes mais la météo en décide autrement ! S’il pleut il est trop dangereux de flirter avec ces dalles de calcaire qui deviendraient glissantes ! 
On choisit donc le sage chemin qui contourne les dentelles, se faufile à leurs pieds, nous offrant la chaîne de montagne sous des angles divers ; l’intérêt est évident et les yeux levés, on peut admirer ces dents de pierre très déchiquetées qui penchent d’un côté ou bien d’un autre donnant une alchimie particulière à l’ensemble qui ressemble de près à une bouche remplie de chicots plutôt qu’à des dentelles !
Dès le départ le terrain très gras alourdit nos godillots de plusieurs centaines de grammes ; on racle dans l’herbe cette argile qui colle à la semelle et continuons à longer les vignes. Certaines sur les coteaux ne comprennent en terrasses que deux ou trois rangées, car le vin est tellement réputé bon que l’on rogne le plus possible sur la garrigue !
Un belvédère de l’autre côté des dentelles avec table d’orientation offre une vue panoramique impressionnante sur la vallée viticole très ample et fournie en mas et vignobles. Cent marches à monter puis à redescendre pour les plus vaillants, certains ayant préféré l’ombre réconfortante des grands pins !
Mais soudain c’est l’hécatombe ! Depuis un bon moment déjà on a enfilé puis ôté à plusieurs reprises kway et cape de pluie car le soleil tente parfois de darder ses rayons plus avant, se glissant subrepticement entre des masses sombres de nuages têtus implantés(ées) sur nos têtes ! Un méli-mélo d’éclaircies et d’averses légères nous accompagnent...
Imaginez-vous un repas debout sous la maigre avancée d’un toit de bergerie... la pluie tombe et nous oblige à rester en ringuette, collés contre le mur et le portail !
Deux chanceuses ont trouvé un abri plus sûr dans une maisonnette de pierres mais une très mauvaise odeur les cantonne sur le pas de la porte !
On mange comme on peut, on profite vite d’une accalmie et l’on repart !
 
Toutefois, le soleil disparaît définitivement ; l’horizon s’assombrit d’un seul coup et déverse alors sur nous la haine sauvage qu’il contient depuis le matin !
 
Chacun se déguise à la hâte en épouvantail de nylon déperlant et fonce sous les bourrasques d’une vilaine pluie droite et drue. Le moindre petit ruisseau en un temps record déborde et court à toute allure ; des flots couleur de boue jaillissent de toutes parts ! Heureusement il n’y a pas de tonnerre donc pas d’éclair sur nous, on garde nos bâtons ! Le groupe fait preuve d’un courage et d’une belle patience : aucune jérémiade, aucune mauvaise humeur ! Au contraire ! Les chaussettes regorgent d’eau sale et les capes ne protègent guère ! Pire, elles guident sur nos jambes la pluie qui ruisselle directement dans nos chaussures ! On se sent trempé et les cheveux, prisonniers des capuches, dégouttent sur le visage . « Tu as les mollets pleins de terre » me dit Pierre... Les pantalons sont maculés de boue et froissés ; le bermuda de Jean-François entièrement mouillé colle à ses cuisses. La moustache aristocratique de Marc, toujours roulée en colimaçon aux extrémités, n’aime pas cet afflux exagérée d’humidité et se distend tristement sur un côté de sa lèvre...
Le soir chacun fera preuve d’ingéniosité, qui, en bourrant ses chaussures de papier journal à changer plusieurs fois (« astuce préconisée par Gérard » dit Marie), qui, en empruntant un séchoir à l’accueil, qui, en nettoyant semelles et chaussettes crottées dans la laverie... Mais c’est cela aussi la vie d’un marcheur !
 
- TROISIÈME JOUR : le Ventoux.
 
- QUATRIÈME JOUR : les gorges de la Nesque..
Il y a d’abord le vote à mains levées : suit-on le programme ou adapte-t-on la randonnée au temps très incertain ???
Le verdict est sans appel : le groupe maintient la sortie prévue !
Nous nous rendons en pays de Sault situé entre les contreforts du Ventoux et le plateau d’Albion. Des grands vignobles de grands crus, nous passons aux champs de lavande qui approvisionnent l’industrie du parfum... Les roses y sont reines aussi comme dans le village de Monieux traversé à pied au retour et croulant sous les roses simples et anciennes !
Les gorges de la Nesque sont particulièrement encaissées, profondes et étroites entre de hautes parois labourées de traînées noires, ce qui offre aux marcheurs un panel de sentiers aussi bien sur l’ubac sombre et humide le matin que sur l’adret couvert de fleurs multicolores l’après-midi. On reconnaît la rare camomille à ses boutons jaunes, l’ombellifère laser blanche moins commune dans nos régions. Grâce aux aphyllantes et aux lins de Narbonne, la couleur dominante reste le ton bleu parme virant au violet.
 
Nous allons suivre la rivière du plan d’eau où prospèrent les ajoncs jusqu’à ce qu’elle disparaisse sous une jungle de plantes, buissons, arbres et lianes avides d’humidité.
Elle coule tout près de notre sentier au début, bruissante dans ses remous, limpide et reflétant les buis dont la gaillardise nous fait penser qu’ils aiment l’eau alors qu’on les croit capables de pousser à l’économie dans nos garrigues sèches ! 
Très vite on la perd dans la profondeur de son lit tandis que le chemin nous élève dans des lacets tortueux encombrés de cailloux ; on devra escalader, monter des marches naturelles, grimper pour redescendre ensuite au plus bas puisqu’il est prévu de traverser la Nesque ! Thierry, dont l’épouse collectionne parfois des poupées aux orteils ou des pansements anti-ampoules, décrète qu’il portera sa femme à califourchon ! 
Le guide entre carrément dans l’eau avec chaussettes et souliers ! « Aucune importance, dit-il, j’ai l’habitude ; en ce moment j’ai toujours les pieds mouillés ! » Certains hommes se déchaussent, Marc retrousse son bermuda très haut sur ses cuisses, Thierry entreprend de faire la navette d’une rive à l’autre secondé par Marc, et la cérémonie commence ! 
Ces messieurs tendront leurs mains à ces dames de part et d’autre d’un gué de cailloux que franchit l’eau... Chacune son tour ! Même les hommes chaussés pourront se faire accompagner, doigts prisonniers de poignes masculines, comme s’ils étaient des demoiselles !
Le va-et-vient incessant finira par leurrer les guides et leurs acolytes puisque des étrangers arrivés entre temps bénéficieront à leur tour des mains tendues et du passage guidé de la rivière ! 
 
Au sein de cette jungle épaisse se niche la chapelle troglodyte de l’archange Saint-Michel dont la tête a été mutilée et qui a la bonté d’accepter des ex-votos de cailloux de rivière ! Son pouvoir ? Être vainqueur du Démon !
Alors pour implorer sa clémence nous montons côté adret un sentier biscornu en balcon qu’empruntent les pèlerins pieux se rendant à la chapelle. C’est parfois rude, un chemin de croix en somme, mais plaisant, même si la pluie tombant à nouveau sur nos pauvres corps semble vouloir nous laver des fautes non avouées à l’archange !
denise 👹
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